PediaTOC - Une cohorte pour l'avenir
Vous trouverez sur cette page toutes les recherches en cours sur la cohorte PediaTOC ainsi que leurs résultats. La cohorte PediaTOC est une cohorte de patients pédiatriques souffrant de Trouble Obsessionnel-Compulsif (TOC) et suivis au CHU Robert Debré.
Vous trouverez également des informations concernant d'autres recherches éventuelles hors cohorte pediaTOC.
Pour en savoir plus sur la cohorte PediaTOC, rendez vous dans l'onglet "A propos de nous".

Recherches en cours
Analyse rétrospective de l’évolution des symptômes des patients de la cohorte PEDIATOC traités par inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine à doses ultra hautes seules
Le trouble obsessionnel compulsif est un trouble qui peut se montrer très impactant chez les patients atteints, en particulier lorsqu’ils sont enfants et adolescents (déscolarisation, isolement). Ce trouble est classiquement traité par inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS). Néanmoins, nombreux sont les patients à résister à ces traitements. Chez les patients adultes résistants aux doses classiques d'ISRS, il n’est pas rare d’atteindre des doses dites « ultra hautes » d'ISRS, c'est à dire des doses qui vont au-delà des doses recommandées par les autorités de mises sur le marché (AMM), du fait d’une efficacité accrue. Ces doses correspondent à doses supérieur à 60 mg par jour dans le cas de la fluoxétine, supérieures à 20 mg par jour dans le cas de l'escitalopram ou encore des doses supérieures à 200 mg dans le cas de la sertraline. Cette pratique est bien documentée chez l'adulte. Par mimétisme avec les pratiques adultes, on peut rencontrer également des enfants ou adolescents prenant ces doses dites « ultra hautes » d’ISRS dans le cas de résistance aux doses classique d'ISRS. Cette pratique n’a cependant jamais fait l’objet d’une étude pour en connaitre son intérêt réel chez l’enfant.
L'objectif de notre étude d'analyser de manière rétrospective l’évolution des symptômes obsessionnel-compulsifs de patients pédiatriques souffrant de TOC et traités par ISRS à "ultra hautes" doses afin de pouvoir évaluer si les patients pédiatriques, comme les adultes, peuvent retirer des effets bénéfiques de l'utilisation de telles doses.
Nous utiliserons, comme critère d’évaluation, l'évolution de la CY-BOCS (Children Yale-Brown Obsessive-Compulsive Scale) entre le moment où le patient prend la dose d’ISRS maximale recommandée par les AMM et s’apprête à passer à ultra haute dose (T0) et le moment où le patient est effectivement sous ultra haute dose à la date disponible qui nous permettra d’avoir le plus de recul sur sa prise (T1). Par exemple, la dernière CY-BOCS obtenue à 60 mg de fluoxétine que l'on comparera à la dernière CY-BOCS obtenue à 80 ou 100 mg de fluoxétine.
Nous évoluerons également l'impact des ultra hautes doses d'ISRS sur les symptômes obsessionnels et compulsifs de façon séparée, ainsi que l'évolution de ces mêmes symptômes selon que les patient ont reçu 1 – 6 mois de doses ultra hautes, 6 – 12 mois de doses ultra hautes, plus de 12 mois de doses ultra hautes.
Cette étude a reçu l'accord du comité d'éthique du CHU Robert Debré.
Résultats des recherches
Analyse rétrospective de l’évolution des symptômes des patients de la cohorte PEDIATOC traités par inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine à doses ultra hautes seules
Seuls 3 patients ont refusé que leurs données soient étudiées dans le cadre de la cohorte PEDIATOC. De plus, certains patients n'ont pas été inclus dans la cohorte:
- les patients ne présentant que troubles apparentés au TOC (telle que la trichotillomanie) sans TOC en tant que tel.
- Les patients dont le suivi par le Dr Lamothe avait débuté alors qu'ils étaient déjà adultes
- Les patients dont l'adresse mail était non renseignée
Au total, la cohorte porte donc sur 155 patients.
Sur ces 155 patients, 54 patients ont reçu des doses d'ISRS dites "ultra hautes". Parmi ces 54 patients, seuls 29 n'avaient de co-prescriptions, c'est à dire qu'il ne recevaient rien d'autres que des ISRS à doses ultra hautes.
Chez ces patients nous avons donc regarder l'intérêt qu'il y a eu ou non à passer d'une dose haute. La dose maximum correspondait à celle définie par l'autorisation de mise sur le marché (dose max AMM), par exemple 60 mg pour la fluoxétine, et les doses ultra hautes correspondaient aux doses supérieures, hors AMM (par exemple 80 mg de fluoxétine).
Les résultats étaient que les patients présentaient une amélioration extrêmement notables en allant au delà des doses max AMM. Ainsi, le score à la CY-BOCS passait de 21.86 à 15.31. Encore plus parlant était le fait que, parmi ces patients ayant reçu des UHD, seuls 3.5% présentaient une amélioration de 50% de leur CY-BOCS en dose max AMM, alors qu'ils devenaient 38% quand ils passaient en UHD ce qui illustre le gain très significatif de ces doses importantes dans le TOC de l'enfant. Ces résultats étaient indépendants de la présence de comorbidité éventuelle. Par contre, plus les patients passaient de temps sous UHD, plus ils s'amélioraient.
Cette étude était rétrospective et donc en ouvert ce qui implique de nombreux biais: un manque d'objectivité du clinicien possible lors de la cotation de la CY-BOCS (le clinicien voulant voir son traitement fonctionner) un manque d'objectivité possible du patient (le patient ne voulant pas blesser le clinicien), l'effet placebo lié au fait de prendre un médicament, comme on ne compare pas à un placebo, on ne peut pas le savoir.
Ces résultats sont donc très encourageants mais doivent être confirmés par un vrai essai en double aveugle. De plus les résultats sont préliminaires; en effet, ces résultats feront l'objet d'une publication ce qui implique des relecteurs qui pourront demander des précisions, des contrôles ou la réalisation d'autres statistiques. Enfin, la prescription de doses importantes d'ISRS nécessite un suivi adapté d'une part, et est à réaliser au cas par cas, cela ne convient pas forcément à toutes les situations, votre psychiatre évaluera la pertinence de la prescription de telles doses.
Je remercie tous les patients ayant accepté que leurs données soient analysées. Vous pourrez constater ici l'anonymat d'une part et l'intérêt pour tous les patients d'avoir accepté cette analyse de dossier.