
Deux types de TOC: réactif et autogène
Dans l'article où les différents types de TOC étaient décrits (TOC de lavage, de symétrie et pensées taboues qui incluent les phobies d'impulsion) nous n'avions pas évoqué un aspect particulier des obsessions. En effet, en plus du thème des obsessions, qui correspond au thème du TOC, la façon dont elles surviennent peuvent aussi les distinguer. C'est ainsi que l'on différencie obsessions réactives d'obsessions autogènes.
Les obsessions réactives
Les obsessions réactives sont des obsessions qui ne surviennent que dans certains moments particuliers, lorsqu'un facteur déclencheur est présent.
C'est souvent le cas par exemple des obsessions de contamination. Ainsi, un patient présentant un tel TOC peut ne pas avoir avoir d'obsession de toute la journée tant qu'il ne croise pas d'élément qu'il considère comme sale. Mais la vue d'une poussière sur le canapé déclenchera alors des obsessions de contamination qui ne s'arrêteront qu'après moult lavages de mains.
Ainsi, les obsessions réactives sont des obsessions qui ont besoin d'un déclencheur environnemental pour être présentes.
Les obsessions autogènes
Les obsessions autogènes sont des obsessions qui surviennent sans facteur déclencheur, sans raison. Ce sont des obsessions qui peuvent être là à n'importe quel moment de la journée, en particulier quand le patient est inactif, qu'il n'est pas concentré sur quelque chose de particulier.
Ces obsessions sont particulièrement présentes dans les TOC dits de pensées taboues. Par exemple, on peut rencontrer des patients qui craignent d'être ou de devenir homosexuels, cette crainte constituant leur obsession. Cette obsession surviendra à n'importe quel moment de la journée, en particulier quand ils seront inactifs, sans qu'il y ait besoin de quelque chose d'extérieur pour les y faire penser. Ils n'ont, par exemple, pas spécialement besoin de voir deux hommes s'embrasser pour que leurs obsessions soient présentes, même si en plus d'être présentes spontanément, la vue de deux hommes qui s'embrassent peut également déclencher les obsessions.
Ainsi, les obsessions autogènes sont des obsessions présentes spontanément.
En quoi cela importe de connaitre le type d'obsessions
En pratique et avec les connaissances que nous avons, il n'est pas très important de caractériser les obsessions selon ce critère.
Tout d'abord, chez les patients les plus sévères, il n'est pas rare que les obsessions ne deviennent tellement présentes et continues qu'elles en deviennent de toute façon autogènes. De plus, à ce stade, il n'est pas établi si le type d'obsession a un impact sur l'efficacité des traitements. Mais connaitre le type d'obsession peut tout de même aider à mieux comprendre le TOC de votre enfant et donc à mieux l'aider.
Les différences
Tout d'abord, en termes de traitement médicamenteux, il semblerait que les obsessions autogènes répondent mieux que les obsessions réactives. Néanmoins ces résultats proviennent d'une unique étude ("Psychopharmacological treatment response in obsessive compulsive patients with autogenous and reactive obsessions") publiée dans une revue très peu renommée et sont à prendre avec des pincettes. En ce qui concerne le traitement psychothérapeutique, il semblerait également que les obsessions autogènes soient plus sensibles au traitement que les obsessions réactives (DOI: 10.1016/j.anxdis.2010.03.017).
Concernant les aspects plus généraux du TOC, il semblerait que la sévérité du TOC ne soit pas impacté par la nature des réactives ou autogènes des obsessions. Par contre, il semblerait que les patients souffrant d'obsessions autogènes souffrent de dépression plus sévères que les patients présentant des obsessions réactives. Idem pour le niveau d'anxiété avec des patients présentant des obsessions autogènes présentant des niveaux d'angoisses plus important que les patients souffrant d'obsessions réactives (DOI: 10.1016/j.psychires.2024.06.019).
Ainsi, il semblerait que les obsessions autogènes soient plus difficiles en termes de vécu anxio-dépressifs que les obsessions réactives mais qu'elles répondent mieux aux traitements.